
A la différence des circuits de distribution traditionnels dans lesquels les produits passent par une dizaine voire une vingtaine d'intermédiaires, les circuits courts visent à supprimer tous ces intermédiaires et établir un lien direct entre producteurs et consommateurs. Mais concrètement c'est quoi les circuits courts ? Quels en sont les critères et les principes ? Les modes de distribution ? Les acteurs ?
Voici tout ce qu'il faut savoir sur les circuits courts !
On parle de circuits courts alimentaires lorsque l'on achète ses aliments directement auprès du producteur ou en passant par un seul intermédiaire.
On parle de circuit court alimentaire de proximité lorsque la distance entre le lieu de production et le lieu de commercialisation (ou de consommation) est inférieure à 150 km.
C'est donc un mode de distribution et non un mode de production ! Nous parlons ici des circuits courts alimentaires mais les circuits courts peuvent également concerner d'autres produits, comme par exemple les vêtements, les produits issus de l'artisanat, etc.
💡 À savoir :
Seulement 2% de l'alimentation des 100 plus grandes villes de France est produite localement !
Les circuits courts englobent différents modes de distribution :
Les circuits courts ne se résument pas seulement à un mode de commercialisation, ils correspondent également à une autre façon de consommer, à un rapport plus direct aux produits alimentaires et à la volonté de valoriser le travail des agriculteurs et des producteurs.
Voici les principes et les valeurs partagés par les consommateurs et les producteurs qui font le choix des circuits courts :
Les circuits courts présentent de nombreux avantages aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs :
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, seulement 10% des exploitations en circuits courts sont en agriculture bio. Ce n'est pas une part très importante mais cela reste tout de même bien supérieur à ce qui se fait dans les circuits longs dont seulement 2% des exploitations pratiquent l'agriculture biologique.
Cependant, la plupart des exploitations en circuit court, si elles n'ont pas toutes le label bio, emploient majoritairement des pratiques agro-écologiques, là où les producteurs des circuits longs ont tendance à privilégier une agriculture intensive peu compatible avec les enjeux du développement durable.
Les circuits courts peuvent présenter un meilleur bilan environnemental que les circuits longs mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas.
Qu’il s’agisse de la consommation d’énergie ou des émissions de gaz à effet de serre, ce n’est pas seulement le mode de distribution qui importe mais aussi le mode de production, notamment pour les fruits et légumes de saison.
Une agriculture respectueuse de la nature et de l'environnement, visant à protéger les sols et la biodiversité des écosystèmes, dans une logique de production et de développement durable, présente un bilan écologique bien meilleur que l'agriculture intensive. La permaculture en est un excellent exemple.
A l'inverse, les produits “hors saison”, même cultivés localement, sont par exemple extrêmement consommateurs en énergie et ressources naturelles. Les salades et tomates cultivées en hiver sous serres chauffées consomment des quantités d’eau beaucoup plus élevées que la moyenne et émettent plus de gaz à effet de serre.
Concernant la distribution, les circuits courts de proximité présentent l'avantage de réduire les trajets entre le lieu de production et de consommation et donc potentiellement les émissions de gaz à effet de serre.
Cependant, les émissions de gaz à effet de serre dépendent également des moyens de transport utilisés et du poids des marchandises transportées. En circuit court, pour minimiser l'impact sur l'environnement, il est nécessaire que les produits soient transportés en grande quantité. Il faut aussi prendre en compte le trajet effectué par les consommateurs. Un trajet en voiture fait par un consommateur se rendant à un point de vente trop éloigné de son domicile risquerait d'annuler les gains réalisés en émissions de CO2 par le producteur en transport.
Il y a bien un impact positif sur l'environnement des circuits courts de proximité lorsque les produits consommés sont de saison (consommation durable) et lorsque les transports se font dans des conditions optimales (transport de grandes quantités de marchandises et proximité des lieux de ventes pour les consommateurs).
On a souvent tendance à opposer les circuits courts à la grande distribution. En effet, la grande distribution n’est pas franchement réputée pour cette forme de commerce social et solidaire. Elle est plutôt connue (et critiquée) pour être très dure dans les négociations et capable de mettre en difficultés les petits producteurs en les poussant à baisser les prix au maximum.
Cependant, du fait de l'attrait grandissant du public pour les produits locaux en circuit court, les supermarchés se sont mis dans cette niche, ce qui est à la fois positif et négatif. Des magasins comme “O’Tera” ou “Frais d’Ici” proposent des produits issus des circuits courts, en jouant sur les codes des petites coopératives agricoles. Mais ces enseignes sont détenues par les géants de la grande distribution comme Auchan ou Invivo, ce qui n'est pas à l'avantages des petits producteurs dans les négociations de prix.
Près de 20% des exploitations agricoles en France commercialisent aujourd'hui en circuits courts. Celles-ci se répartissent de la manière suivante :
Un peu moins de 10% des achats alimentaires des Français se font en circuits courts, les marchés représentant plus du tiers de ces achats. Les grandes surfaces et supermarchés comptabilisent 2/3 des ventes de produits alimentaires.
Les circuits courts restent donc minoritaires par rapport aux circuits traditionnels et à la grande distribution mais cela ne signifie pas pour autant que les initiatives manquent ! Voici trois exemples intéressants et prometteurs :
En 2008, une petite coopérative d’agriculteurs du Massif Central décide d’ouvrir un magasin pour vendre ses produits en commun : c’est le début des Halles de l’Aveyron. Et cela a tellement bien fonctionné qu’ils ont depuis ouvert deux autres magasins, deux restaurants et une dizaine de petits marchés dans la région.
Une baguette 100% locale : C’est l’histoire d’une coopérative agricole, d’une minoterie et d’une Boulangerie qui ont décidé un jour de produire ensemble une baguette. La première fournit alors le blé, la deuxième en fait de la farine et la dernière produit le pain. Ainsi, avec des ingrédients produits à moins de 30km de rayon, la Coopette est une véritable baguette du terroir, 100% locale.
Il s’agit d’une des plateformes d'économie collaborative et de commerce en circuits courts les plus développées aujourd’hui. La Ruche propose aux producteurs ou artisans locaux de vendre leurs produits directement aux consommateurs via leur site web. Les consommateurs viennent ensuite récupérer leurs achats à la “Ruche”. Depuis sa création en 2010, les Ruches ont essaimé un peu partout en France et dans 6 autres pays en Europe pour atteindre aujourd'hui le nombre de 1200.
Les circuits courts présentent de nombreux avantages sociaux, économiques et environnementaux mais il convient cependant, comme souvent, de bien regarder les conditions de production, de transport et de commercialisation.