10 Chiffres sur la Déforestation en France (et son évolution)

10 Chiffres sur la Déforestation en France (et son évolution)

La déforestation est l’action, à long-terme ou permanente, de retrait du couvert forestier et de conversion à un changement d’utilisation du sol autre que forestière. Cette action peut être le résultat des entreprises humaines (anthropiques) ou non.

Bien, maintenant que le sujet est défini, nous pouvons en discuter plus librement. Je vous propose de faire un saut temporel pour observer les pratiques de déboisement opérées par nos ancêtres… Qui sait, peut-être y apprendrons-nous quelques enseignements et applications utiles pour le contexte actuel ?

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1. Autour de -6000 ans avant notre ère, les forêts couvrent à peu près 50 millions d’hectares (ha) du territoire français, soit 77%

Ce chiffre est le triple de celui de la surface forestière française actuelle (16,9 millions d’hectares, source) Le mouvement de néolithisation se met en marche vers -5000 et avec, ses développements, tels que les débuts de l’agriculture accompagnés d’une croissance démographique. Pour construire leurs habitats en bois et faire de la place pour leurs terres agricoles et de pâturage, les habitants aménagent le territoire, n’hésitant pas à défricher massivement, ou en jargon actuel, à déforester (source).

évolution de la forêt en France

Evolution de la forêt en France, d'après Gandant, in Escurat (1995a)

Pour les curieuses et curieux sur l’évolution des systèmes forestiers avant le néolithique, allez voir notamment ce ppt, livre en ligne, et site.

La démographie humaine et forestière sont donc deux histoires qui sont donc déjà intimement liées chez les populations néolithiques. Mais une autre histoire s’esquisse déjà, celle des industries métallurgiques entamées par les populations néolithiques, poursuivie ensuite par les Celtes, les Gaulois, les Romains… et ce, encore jusqu’à nos jours !

2. Entre -1000 et -52, les forêts celtiques couvrent 65 à 75% du territoire

Entre -1000 et -52, les Celtes ont poursuivi l’industrie du cuivre (-2500) et du bronze (-2000) et ont innové l’industrie du fer, ainsi que les techniques de la roue à rayon, des chariots et tonneaux, et l’utilisation d’engrais et de greffes. L’agriculture et l’élevage continuent de la sorte à se développer mais la forêt demeure un lieu relativement habité et respecté. Les Celtes l'exploitent peu. ( Gaudin, 1996, p. 7) Malgré des défrichements plus conséquents qu’à la période néolithique, sa surface reste dense et couvre 30-40 millions d’ha, soit 65-75% du territoire. ( Gaudin, 1996, p. 7 ; Lenoir, 2012)

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3. Lors de la période gallo-romaine (entre -52 et 500), les terres boisées occupent 30 millions d’ha, soit 46% du territoire

Les études polliniques et carpologiques indiquent déjà un environnement largement déboisé et exploité pour ses terres agricoles et ses pâturages (Gandini, 2006, p 474), ainsi que pour y établir des ateliers sidérurgiques (Laüt, 2004, p. 103). Pour produire une tonne de fer, il fallait 5 tonnes de charbon de bois, soit 20-25 tonnes de bois de chêne, équivalant à 80-100 stères de bois. (Richer de Forges, 1977, p. 105) La vie en forêt disparaît avec les Celtes et le morcellement forestier s’accentue avec le développement des villes, des axes routiers et du commerce. (Lenoir, 2013)

A titre d’exemple, le territoire du peuple Gaulois des Bituriges Cubes se structure sur base de la disposition des ressources existantes. Comme le montre la carte p. 151 article Le Berry Antique, Atlas 2000, les fonctions agricoles se concentrent dans les plaines au sud-ouest de Bourges, où se trouvent les enclos (villae) - le saltus -, tandis que les ateliers sidérurgiques se concentrent dans les forêts au nord - le saltus publicis. A la fin de l’Antiquité, les forêts ne couvrent plus que 30% du territoire des Bituriges Cubes. ( Le Berry Antique. Atlas 2000, p. 17)

4. A la fin du Moyen-Age (1300), les forêts ne couvrent plus que 25% du territoire

Entre le 11e et le 13e siècle, la France connaît un pic de défrichement. De 30 à 40.000 ha de forêt sont alors défrichés tous les ans. En 1300, les forêts ne représentent plus que la surface de 25% du territoire. (Gaudin, 1996, p. 10) Il en faut du bois pour construire les vaisseaux qui partent en croisades (Lenoir, 2013), mais pas que !

Les bateaux fluviaux transportent également les nouvelles marchandises telles que les draps, le fer (dont l’industrie continue de s’intensifier), les cuirs, les tonneaux, les porcelaines et sans doute, les céréales. Un chantier de batellerie réputé s’établit d’ailleurs à Vierzon où coulent le Cher et l’Yèvre (Richer de Forges, 1977, p. 107).

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5. Du 14e siècle à Colbert (1669), un répit et puis une reprise, de pillages à ordonnances...

Après un moment de répit accordé à la forêt entre 1337 et 1453, par l’arrivée de la Peste Noire et la guerre de Cent ans, la reprise de l’exploitation forestière n’est que plus belle. Les pénuries graves et les pillages vont décider le pouvoir à instaurer des ordonnances pour restaurer les forêts, mais le contexte politique se dégrade et l’état des forêts est globalement mauvais vers le milieu du 17e siècle. (Gaudin, 1996, p. 10)

6. A la veille de la Révolution française, les forêts ne couvrent plus que 6 à 7 millions d’ha, soit 10 à 12% du territoire

Les bonnes pratiques en matière de gestion forestière issues de la législation de 1669 sont rapidement oubliées avec l’avènement de la révolution industrielle. Entre 1762 et 1780, 500.000 ha de forêt sont défrichés par an. (Lenoir, 2013)

A titre d’illustration, l’industrie métallurgique refait son apparition dans la région de Vierzon en 1778, avec l’établissement des forges dont l’exploitation perdure jusqu’en 1863. A leurs débuts, en 1780, ces forges consomment 120.000 stères. En 1857, la consommation atteint 150.000 stères. Ce chiffre aurait pu monter jusqu’à 200.000 stères grâce à l’amélioration des techniques, mais les 5.300 ha de la forêt de Vierzon ne suffisent alors plus à l’industrie de fonte de fer, sans compter la population qui craint manquer de bois de chauffe. (Lenoir, 2013)

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7. Les forêts regagnent du terrain et atteignent 8 à 9 millions d’ha au milieu du 19e siècle (13-15%)

De 1801 à 1827, la France va se doter d’une administration et d’une réglementation forestière nationale qui vont jouer en faveur des forêts. Ces efforts sont également renforcés par l’apparition du charbon de terre comme le nouveau combustible. Il y a donc moins de demande de bois de chauffe ou d’industrie, y compris pour la construction de bateaux (métal). (Gaudin, 1996, p. 14)

8. En 1914, le premier inventaire national établit que la surface forestière atteint environ 10 millions d’ha (16-17%)

La période d’après-guerre est marquée par un exode rural. Les terres qui ne sont pas reprises par l’agriculture voient des reboisements naturels et artificiels. L’utilisation d’autres combustibles fossiles que le bois - charbon, gaz, fioul, électricité - se généralise. Les forêts de plaine sont converties en futaies régulières gérées intensivement pour répondre aux besoins de pâte à papier. “Cette volonté d’enrésinement intensif fut appuyée par l’A.FO.CEL, organisme de recherche privé subventionné par les papetiers.” Ces systèmes d’exploitation sont remis en question par les mouvements écologistes après le premier choc pétrolier en 1975 suite à un regain d’intérêt pour le bois de chauffe. (Gaudin, 1996, pp. 14-15)

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9. +10 millions d’ha de forêt entre 1789 et 2020 en France, soit 31% du territoire en 2020

En 2020, la surface atteint 16,9 millions d’ha, soit 31,51% du territoire français (FAO, Rapport France, 2020, p. 85). A noter cependant, qu’entre 1990 et 2020, c’est surtout l’expansion des forêts naturellement régénérées qui participe à l’augmentation du couvert forestier, plutôt que celle des forêts de plantation ou autres forêts plantées. (FAO, Rapport France, 2020)

Mais qu’en est-il de la situation actuelle dans le monde ?

10. Environ 420 millions d’ha de forêt ont été perdus dans le monde à cause de la déforestation depuis 1990, mais le monde a perdu 178 millions d’ha depuis 1990

Effectivement, depuis 1990, le monde a perdu 178 millions d’ha de forêt, ce chiffre correspond à celui de la déforestation. Attention donc à ne pas confondre “déforestation” et “changement net de la superficie forestière” qui correspond à la somme de toutes les pertes de forêt (la déforestation de ~420 millions d’ha depuis 1990) et de tous les gains de forêt (expansion de la forêt) sur une période donnée, soit 178 millions d’ha de perte forestière nette depuis 1990 dans le monde.

Le taux de perte forestière nette a diminué entre 1990 et 2020, grâce à la réduction de la déforestation dans certains pays et à l'augmentation de la surface forestière dans d’autres, due au boisement et à l’expansion naturelle de la forêt. Ce taux est passé de 7,8 millions d’ha/an (1990-2000) à 4,7 millions d’ha/ (2010-2020). La diminution du taux de perte forestière est surtout remarquable entre 2000 et 2010 (5,2 millions d’ha), tandis que le rythme s’est ralenti sur la période 2010-2020, en raison d’une réduction du taux d’expansion de la forêt (FAO, 2020, p. 2)

Aujourd’hui, la surface forestière mondiale atteint donc 4,06 milliards d’ha, soit 31% des terres émergées du monde, parmi lesquelles :

  • 45% sont les forêts tropicales
  • suivies des 27% des forêts boréales
  • 16% des forêts tempérées
  • 11% des forêts subtropicales

source : FAO, 2020

Au vu de la surface qu’occupent les forêts tropicales, l’on comprend mieux pourquoi l’enjeu de leur préservation subit un tel engouement, mais il ne s’agit pas pour autant de concentrer ses efforts sur ces biomes seuls. En parallèle, on peut privilégier les actions de reboisement dans les autres territoires qui ont lourdement subi les conséquences de la déforestation, tel qu’en France, comme nous venons de le voir. Le projet de reforestation Plantez le Décor ! est une de ces actions...

Chloé Walot

Chloé Walot

Anthropologue environnementaliste

Anthropologue et environnementaliste de formation, Chloé a travaillé au sein d'une équipe du GIEC sur les questions d'intégration des sciences humaines et sociales aux problématiques climatiques avant de rejoindre un Think Tank sur l'adaptation climatique au sein de l'UGent.

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