Pourquoi les Abeilles Disparaissent-Elles ?
Entre deux théories sur la mécanique quantique, Albert Einstein aurait affirmé que « Si les abeilles disparaissaient, l’humanité n'aurait plus que quatre années à vivre ». Bien que l’origine de ces propos soit controversée, l’information qu’ils véhiculent l’est malheureusement moins quant à elle.
En effet, et alors qu’elles sont essentielles à la survie de nombreuses espèces - y compris la nôtre - on assiste à un effondrement sans précédent du nombre d’abeilles ces dernières années : en France par exemple, on considère que près de 30% des colonies disparaissent chaque année. Quelles en sont les raisons ? Voici les principaux exemples…
Dans la famille des pesticides : les insecticides
Ces derniers, utilisés en grande quantité dans la filière agricole majoritairement, visent tout simplement à lutter contre les insectes considérés comme nuisibles dans le but de protéger les cultures. Le « hic » c’est que les insecticides ne font pas le tri entre les espèces dites nuisibles et les autres, et ce, au grand dam de nos précieuses abeilles pollinisatrices.
Alors que l’action nocive des insecticides n’est plus à démontrer, depuis quelques mois, on assiste à un retour en arrière de la part du gouvernement français sur le sujet : la faute aux néonicotinoïdes, dont l’usage est pourtant interdit depuis 2018. Un récent projet de loi vise en effet à ré-autoriser leur utilisation sur la betterave afin de venir en aide aux agriculteurs dont les cultures ont été touchées par un puceron porteur du « virus de la jaunisse de la betterave ».
Les néonicotinoïdes, ce ne sont pas des tendres. Ils agissent sur le système nerveux des insectes et provoquent chez eux la mort, ou à défaut, des troubles altérant certaines de leurs capacités pourtant essentielles à leur survie (reproduction, sens de l’orientation etc.). Pas pratique quand on est une abeille, d’autant que certaines études ont montré que ces dernières ont plutôt tendance à préférer butiner les plantes contaminées par cet insecticide aux autres…
Le projet de loi a évidemment fait beaucoup de bruit dans le monde associatif, d’autant qu’il reste extrêmement vague. Pour le moment, l’Assemblée nationale l’examinera en octobre de cette année, il s’agit donc d’une affaire à suivre…
Le manque de diversité : les monocultures
Le principe de la monoculture, c’est de ne cultiver qu’une seule espèce sur une parcelle de taille généralement importante. Elle est très avantageuse d’un point de vue économique, mais aussi d’un point de vue pratique puisque l’agriculteur maximise l’utilisation de ses sols, standardise son mode de récolte et peut même sélectionner son type de culture en fonction du climat de sa région.
La monoculture est toutefois à l’origine d’importants dégâts puisqu’elle entraîne avec le temps une dégradation des sols, qui se retrouvent à force épuisés en nutriments, une baisse de la biodiversité ou même le développement de certains parasites ou maladies. Bref, vous l’aurez compris, elle n’est en ce sens pas considérée comme un mode de culture durable.
Nos amies les abeilles sont par ailleurs directement impactées par ce mode d’agriculture. Il ne leur permet pas de se nourrir en quantité suffisante, ni même de trouver un habitat réunissant les conditions de leur survie : elles ont besoin de diversité. Ainsi par exemple, même la monoculture d’espèces à fleurs - dont raffolent pourtant les abeilles - tend à affaiblir leur immunité, ne leur permettant pas de bénéficier d’une alimentation équilibrée.
La « permaculture » offre en ce sens un bel exemple de solution. Il s’agit d’une forme de polyculture visant à créer des associations d’espèces destinées à reproduire des écosystèmes et donc, préserver la biodiversité… et les abeilles !
Les ravages du frelon asiatique
Sous ses allures de grande abeille, le frelon asiatique représente une véritable menace pour la survie de nos pollinisatrices. Présent en France depuis le début des années 2000, sa population tend à s’étendre chaque année et représente maintenant une des causes principales de la surmortalité des abeilles.
Contrairement aux abeilles asiatiques qui ont appris à cohabiter à ses côtés, les abeilles européennes y sont particulièrement sensibles, ces dernières n’ayant pas eu l’habitude de mettre en place de stratégie de défense contre cette menace. Les apiculteurs quant à eux peinent à les éradiquer de manière écologique…
Le frelon asiatique se place ainsi à l’entrée des ruches ou s’y introduit directement pour se nourrir de tout ce qu’il y trouve… y compris des abeilles, qu’il dépèce et dont il garde le thorax apparemment riche en protéines. S’il ne s’en nourrit pas, il les effraie de sorte que certaines abeilles sortent moins, réduisant ainsi leurs réserves pour l’hiver.
Face à ces menaces grandissantes, les abeilles ont besoin de nous ! Apprenons-donc à les protéger et à les aider à se développer en fabriquant par exemple des bombes à graines de fleurs mellifères, particulièrement appréciées des abeilles. De nombreux tutos ou kits prêts à l’envoi figurent sur internet !
Marie-Julie Simon
Rédactrice
Juriste en droit de l’environnement de formation ayant travaillé dans les domaines de la biodiversité et des économies d’énergie et titulaire d’une licence de géographie, Marie-Julie s’intéresse tout particulièrement aux sujets environnementaux qui ont fait l’objet de son parcours, mais aussi aux thématiques de la santé et du bien-être.